Gustave Boco n’est pas du genre à baisser les bras à la première difficulté. Mais ce jeune père de famille voyait un avenir moins agité quand l’idée lui est venue d’abandonner ses études universitaires pour le projet d’élever et vendre des lapins à Djougou.
Un projet bien préparé avec un stage de formation. Restait à trouver un crédit pour les installations d’élevage et une boutique en ville pour la vente. A Djougou comme ailleurs, un banquier ne prête pas à un jeune sans expérience et moyens. De toute façon, le taux d’intérêt bancaire au Bénin est beaucoup trop élevé pour intéresser un jeune entrepreneur. Au mieux, sa marge servirait à payer les intérêts.
Ayant appris que notre association proposait du microcrédit, Gustave nous a fait parvenir une lettre particulièrement bien rédigée dans laquelle il nous présentait son projet et sa demande de financement.
Après des échanges et l’examen d’un bilan prévisionnel, décision favorable du bureau de l’association.
Commence alors pour le futur éleveur un parcours avec sauts d’obstacles imprévus. Difficultés administratives qui ont bien retardé l’installation. Et, à peine ouverte, voilà que la boutique de vente de lapins se trouve rasée au bulldozer comme beaucoup d’autres. Le nouveau gouvernement avait décidé d’employer la force pour faire « déguerpir » les occupants des installations situées sur les espaces publics depuis des années.
Nouveau départ pour notre éleveur. Nouvelles dépenses. Et… nouveau gros problème avec une épidémie de myxomatose sur le Bénin, « la peste du lapin » comme on dit à Djougou. Le vétérinaire n’y peut rien. Tous les lapins achetés et nourris par Gustave sont contaminés et meurent. Il lui faut observer un vide sanitaire de deux mois avant de réinstaller des lapins.
C’est à ce moment, début novembre dernier que nous retrouvons Gustave chez lui ou plutôt dans le grand clapier en bois couvert de tôles neuves qu’il a édifié dans la cour de sa maison. Il vient de reprendre l’élevage. Il pourrait bien être maintenant le seul éleveur de lapins sur Djougou. Beaucoup d’autres ont abandonné. Trop difficile.
Lui y croit encore. Et puis il a sa famille à faire vivre. Le crédit à rembourser. En attendant de pouvoir revendre du lapin, Gustave a eu l’idée de vendre du poisson dans la nouvelle boutique installée en bordure de route nationale. Du poisson congelé qu’il achète et conserve dans son congélateur. Sa femme tient boutique. Lui, s’occupe maintenant des lapins et entend les rendre plus résistants en les nourrissant d’herbes et feuilles séchées qu’il trouve dans la savane environnante. Des lapins qu’il pensait pouvoir tuer, préparer et mettre au congélateur à partir de la fin d’année. A la boutique, on doit donc avoir maintenant le choix entre poisson et lapin.
Fin des problèmes pour Gustave ? Cela serait bien pour lui. Bien aussi pour notre association qui pourrait compter sur une reprise des remboursements par l’éleveur.