La dictée dans la presse

Voici l’article paru dans La Dépêche du 29 mars dernier.

Ci-dessous, le texte de la dictée :

Dans la touffeur de la nuit africaine, je fus d’emblée phagocytée par l’ineffable beauté de la nuit béninoise : lune gibbeuse dans un ciel coruscant maculé de promesses de lumière, prémices à la rêverie. Ce cadre primitif, empreint de poésie fut aussi le lieu d’une éducation désagréable. En effet, si je découvrais le spectacle de la nuit étoilée, je découvrais aussi la noirceur des routes sans réverbères, et par là même ma propre couleur.

Un soir, retournant à nos chambres rouge clair, ma compagne de voyage avec laquelle je commençais à sympathiser disparut ! Elle était tombée dans une sorte d’ergastule que nul humain, sauf nyctalope, n’aurait pu repérer. Une fois la stupeur passée, puis le rire inattendu de la moquerie canalisé, j’aidai enfin la pauvre fille à sortir de sa prison de terre. Mais c’était trop tard, mon attitude peu scrupuleuse avait rompu cette amitié balbutiante.

Une autre fois, des membres du groupe et moi-même allâmes à moto découvrir les alentours de Djougou. L’impression de liberté qui m’envahit dès que je chevauchai ma monture de ferraille ne dura que le temps de distancer, par bravade, mes comparses tout en me régalant d’un maïs noirci sur la grille. En effet, à quelques kilomètres de là, l’engin s’arrêta net, refusant d’obéir à mes injonctions d’Européenne énervée. Un arôme empyreumatique s’éleva alors des pneus marron de la moto valétudinaire, m’indiquant alors que toute rébellion de ma part serait vaine. Tout émue, je pleurai longtemps dans les plis de la Donga, qui m’offrit un asile maternel. La dense savane alentour me procurant alors, un cercueil bien singulier. Mais Aminata, que ses chèvres avaient menée jusqu’à moi, me sortit sans peine et en silence de mon écueil.

Terre de beautés, terre de rencontre avec moi-même, je revins en France remplie de la première, fâchée contre la seconde.

Dictée notée sur 20 (fautes lexicales : 0.5 p., fautes grammaticales : 1 p. Sont acceptées les expressions « sans réverbère », « terre de beauté », « terre de rencontres ».