Depuis une année, 5 jeunes djougois apprennent le métier d’électricien spécialité solaire au Centre de formation professionnelle de Djougou. Cette formation de 2 ans, en internat, est prise en charge par la mairie de Djougou, notre association et le Lycée Modeste-Leroy d’Evreux. Cet établissement a organisé une dictée solidaire qui a permis de financer des fournitures et matériels de ces apprentis. Cette année, la participation des lycéens à un concours de lecture à voix haute devrait permettre de continuer à soutenir ces 5 jeunes qui avaient arrêté leur scolarité. Pour mieux connaître ces jeunes, nous avons demandé à Isabelle Lemou, journaliste béninoise, de les rencontrer. Voici son reportage.
Ils s’appellent Eliasaph BOUSSOU, Nourou ASSEKE, Clément KOUAGOU, Noura BONI et Abraham AKPALLA. Ces 5 jeunes djougois ont été sélectionnés avec l’aide des Centres de Promotion Sociale et se font former en installation des panneaux solaires.
Le programme émane de la volonté de la mairie de Djougou et de l’Association Evreux Djougou. En effet, le solaire est en plein essor dans les pays africains et le Bénin n’en est pas moins concerné. Dans les communes telles que Djougou, ce système d’éclairage est pratiquement en vogue. Il urge donc d’avoir une ressource humaine de qualité. C’est ce qui explique cette initiative.
Mais avant d’entrer dans le vif du sujet qu’est cette formation, les formateurs initient les nouveaux apprenants à l’électricité bâtiment car « avant de pouvoir se faire former en énergie solaire et photovoltaïque c’est qu’il faut d’abord avoir une base en électricité générale et notamment en électricité bâtiment » explique Serge Savi, un de leur formateur. Un tel choix se justifie par le fait que la demande en système solaire au plan local est plus celle de l’installation de panneaux solaires dans les bâtiments. Les techniciens qu’ils seront demain doivent être polyvalents et ne pas faire appel à un électricien.
La première année est pour tous la première expérience au contact de fils électriques. Les cinq apprenants sont tous très contents à quelques semaines de la fin de cette première phase de leur formation. « Nous avons eu autant de cours théoriques que de cours pratiques » affirme Clément Kouagou . Dans le déroulement des cours de pratiques, ils accompagnent leurs formateurs sur des chantiers en vue de l’installation de fils électriques dans les bâtiments. Ceci leur a permis d’appliquer ce qu’ils ont appris en classe comme « l’alimentation, le simple allumage, des doubles va-et-vient… » dixit Nourou Asseke. Clément Kouagou affirme avoir « surmonté sa peur du circuit électrique au cours de cette première année ». Et à leur formateur Serge Savi de se réjouir : « on sent qu’ils aiment ce qu’ils font et c’est l’élément qui nous encourage à les accompagner ».
Des projets, ces enfants en ont plein la tête mais leur objectif premier est d’entamer leur formation en système solaire avec à la clé beaucoup de pratique. C’est une préoccupation majeure car disent ils « si on fait la théorie, il faudrait aussi qu’on aille sur les chantiers pour faire la pratique, comme ça nous allons bien maitriser ce que nous sommes venus apprendre ». A terme, par exemple quand il est question de projets, Clément souhaite être « un grand technicien du solaire » dans le Bénin et pourquoi pas ailleurs.
Même attente pour ses congénères. Abraham Akpalla veut tout au moins être « un bon technicien » avec son diplôme de fin de formation en main. Eliasaph Boussou veut transmettre son savoir aux entreprises de la place et pourquoi pas de la sous région. Ce qui est intéressant c’est qu’il voudrait accroître ses capacités dans le domaine du solaire après ces deux années de formation afin de faire la différence sur le terrain de l’emploi. Servir Djougou dans le domaine du solaire est la volonté de Nourou Asseke. L’élève se rend disponible pour accompagner l’association Evreux Djougou s’il est sollicité. Pendant ce temps, Noura Boni veut avoir son atelier et intervenir dans les maisons pour installer les panneaux solaires.
Des projets, la tête pensante de ce programme en a également pour eux. Je veux nommer Abischaï Akpalla, ancien maire de Djougou :. « L’objectif après leur formation est qu’on les mette en coopérative, on les forme à la gestion d’une entreprise coopérative et avec ça, ils pourront soumissionner aux petits marchés et assurer en toute confiance l’entretien de tous les équipements qu’on a que ce soit au niveau de la mairie mais aussi des privés ». Notons par ailleurs, qu’il est un des artisans à la formation de deux enseignants sur le système solaire qui sont allés en France. Malheureusement, la crise sanitaire liée au Covid-19 a raccourci leur séjour. Et justement parlant, le maire honoraire souhaite que cette section soit rattrapée pour le bien des apprenants et de leurs formateurs.
Les difficultés, les cinq apprenants en ont connues au cours de cette première année. « Nous déplacer vers les chantiers est un calvaire » se plaint Noura Boni. Notons qu’ils sont internes dans le centre de formation. Et Nourou Asseke d’expliquer que « parfois, nous n’avons rien à manger mais nous faisons avec ».
Le Directeur du Centre de Formation Yérima Dankloufeye dit qu’ils auront à la fin de ces deux ans de formation « une AQP : Attestation de Qualification Professionnelle, un CQM : Certificat de Qualification aux Métiers et un CQP : Certificat de Qualification Professionnelle » soit trois diplômes. De quoi leur assurer un avenir dans le monde de l’emploi.
Pour finir, tous remercient les initiateurs de ce projet car, le solaire est en pleine expansion et ils pourront vivre à l’abri du besoin lorsqu’ils auront fini leur formation.